I. Adagio – Allegro molto
II. Largo
III.Scherzo – Molto vivace
IV.Allegro con fuoco
Dvořák est, avec Smetana, l’autre artisan de l’école nationale tchèque. Son œuvre aussi abondante que diversifiée constitue un apport capital au romantisme européen. A la différence de son aîné, Dvořák homme simple, rude et vertueux n’a jamais fréquenté les instances intellectuelles nationalistes de Bohême. Né sur les bords de la Vltava (« La Moldau » en allemand), l’origine paysanne de Dvořák exacerbe son sens de la terre natale. La construction du Théâtre national tchèque, fruit d’une souscription populaire, marque une étape essentielle dans la reconquête de la langue et de la musique nationales. « Chaque peuple a son organisation particulière ; celle de la Bohême paraît être le génie musical poussé au degré de perfection », écrivait Da Ponte un siècle plus tôt. Modèle dont les musiciens avaient besoin pour se soustraire aux influences allemande et italienne, Dvořák fut appelé à diriger le Conservatoire de New York en raison d’une personnalité et d’expériences propices à faire éclore une musique nationale américaine (1892 et 1895).
La Symphonie n°9 fut écrite en 1893, entre le Te Deum et le Quatuor en fa majeur. Inspirée d’impressions nouvelles, de lectures de Longfellow et de la vie quotidienne, les seuls éléments « américains » utilisés sont la gamme pentatonique et une rythmique pointée et syncopée. Quant à la mélodie, Dvorak écrit : « J’ai tout simplement écrit des thèmes à moi, leur donnant la particularité de la musique des Noirs et des Peaux-Rouges ; et, me servant de ces thèmes comme du sujet, je les ai développés au moyen de toutes les ressources du rythme, de l’harmonie, du contrepoint et des couleurs de l’orchestre moderne. » La partition mêle, en parfaite équité, les sonorités d’Europe centrale à celles du Nouveau Monde.
Les quatre mouvements de la symphonie ont chacun leur caractère, bien que paraissant procéder d’un seul et même souffle ; impression qui se vérifie dans l’Allegro con fuoco final : véritable synthèse thématique de l’œuvre. Si le thème principal de l’Allegro molto, que précède un mystérieux adagio, devient le thème cyclique de toute la partition, le Largo, inspiré de la scène des funérailles du Chant de Hiawatha, (poème de Longfellow), est le mouvement le plus typiquement américain. De la nostalgique mélodie du cor anglais est née la chanson populaire, « Going home« .
Le Scherzo – Molto vivace est une danse bondissante et colorée s’inscrivant dans la plus pure tradition du Scherzo beethovénien.
Avec la Symphonie n°9, c’est toute la philosophie de Dvořák qui s’extériorise : un panthéisme englobant êtres et choses comme partie intégrante de la nature mère.
Alice Blot
Nomenclature orchestrale :
2 flûtes (dont 1 piccolo), 2 hautbois (dont 1 cor anglais), 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, tuba, timbales, percussions et cordes.
Durée approximative : 40 minutes
Dernière exécution à Monte-Carlo : 27 septembre 2011 – Salle des Princes du Grimaldi Forum – Lorin MAAZEL, direction