– Allegro con brio
– Andante con moto
– Scherzo
– Presto
« Oeuvre la plus caractéristique du génie de Beethoven », selon J.G. Prodhomme, la Cinquième symphonie est aussi la partition qui, avec la Neuvième, a retenu le plus longtemps l’attention du musicien : on en trouve des esquisses dans les Carnets de 1795 ; le travail en fut interrompu pour chanter, dans la Quatrième, ce qui aurait pu être une idylle heureuse, et la « Symphonie du destin » ne prit sa forme définitive qu’au début de 1808, sans parler de multiples corrections pratiquées durant d’orageuses répétitions ! Au total, plus de 5.000 pages d’ébauches actuellement conservées, pour une oeuvre d’une unité rayonnante et souveraine que résume une formule célèbre : « A travers la nuit, vers la lumière ! ».
Douleur, déception, révolte – et le thème du « Destin qui frappe à la porte », tels sont les sentiments violents qui animent l’Allegro con brio initial.
Un grand lied en forme de variations, une phrase noblement consolatrice et une idée secondaire dont le mâle accent s’alanguit sur une modulation du plus heureux effet : telle est la forme, tels sont les éléments de l’Andante con moto qui laisse espérer un apaisement que balaie inexorablement le Scherzo. Et c’est le Finale, le moment où un grand grenadier de Napoléon s’écria : « Vive l’Empereur ! » le moment où, raconte Schumann, un enfant se serra contre lui en murmurant : « J’ai peur ! ».
A Lesueur qui s’écriait : « C’est égal ! Il ne faut pas faire trop souvent de la musique comme celle-là », Berlioz répondit hardiment : « Rassurez-vous, cher Maître, on n’en fera pas beaucoup ! »… L’auteur de la Fantastique disait vrai, tout autant qu’en écrivant : « Ce ne sont pas des flûtes, des cors, des violons et des basses qu’on entend, c’est l’univers qui s’ébranle ! »
Langage enthousiaste qui traduit bien l’admiration d’un musicien français, véritable promoteur de l’oeuvre de Beethoven en France, mais langage clairvoyant qui rejoint celui de E. Th. A. Hoffmann : « Il n’y a de pensée plus simple que celle sur laquelle le Maître fonda cette oeuvre et l’on voit avec admiration de quelle façon il sut combiner toutes les pensées secondaires, toutes les phrases intermédiaires par des variations de rythme de son thème de telle sorte qu’elles ne servaient qu’à exalter de plus en plus le caractère de l’ensemble, que le thème seul ne pouvait qu’indiquer ».
Et c’est peut être pourquoi la Cinquième Symphonie demeure l’une des plus parfaites expressions du génie de Beethoven.
Yves Hucher
Nomenclature orchestrale :
2 flûtes, 1 piccolo, 2 hautbois, 2 bassons, 1 contrebasson, 2 cors, 2 trompettes, 3 trombones, timbales et cordes.