« Adagio – Allegro vivace »
« Adagio »
« Allegro molto e vivace »
« Allegro ma non troppo »
« Accorte servante grecque entre deux géants nordiques ». Ainsi Schumann définit-il la 4ème Symphonie en si bémol majeur, achevée d’un trait ou presque et créée chez le Prince Lobkovicz au printemps de 1807.
Le lutteur, le titan, ont fait place à l’homme gai et plein d’humour, et, si les commentateurs ne s’accordent pas tous pour reporter sur Thérèse de Brunswick, l’amoureuse dédicace secrète de cette œuvre, il est cependant bien établi que le musicien travaillait déjà à une symphonie en do mineur, lorsque brusquement, il en abandonna la composition pour écrire celle-ci. Et l’on aimerait pouvoir accepter aveuglement la légende selon laquelle Beethoven aurait entrepris cette symphonie, après avoir, un soir, joué pour celle qu’il aimait, le beau chant de J.S. Bach : « Si tu veux me donner ton cœur, que ce soit d’abord en secret ! Et notre pensée commune, que nul ne la puisse deviner ! ».
Après une courte introduction Adagio qui précise le ton et le rythme, l’Allegro vivace « presque entièrement consacré à la joie », dira Berlioz, expose un thème d’une exubérante gaieté, qui passe au hautbois, puis des accords syncopés préparent l’apparition du second thème, également au hautbois. La première partie prend fin sur un motif de caractère pastoral, exposé en canon, clarinette et basson, et repris en tutti. Développement et réexposition selon les lois habituelles, passant toujours dans des tonalités claires, et ce tempo s’achève sur une courte et joyeuse coda que concluent trois accords, fortissimo.
L’Adagio central épouse à la fois la forme sonate et celle du lied ; admirable cantilène dont le thème principal est exposé par les premiers violons et repris par les bois, toujours sur le soutient d’une figure rythmique confiée tour à tour aux divers instruments. Un deuxième thème, cantabile, apparaît un instant à la clarinette et un délicat et ingénieux épisode de transition conduit à la réexposition du thème initial.
L’Allegro vivace, « est plutôt un scherzo », dit Berlioz, « constitué de phrases rythmiques à deux temps, forcés d’entrer dans les combinaisons de la mesure à trois ». Alors que le thème du trio est confié aux violons et aux bois, ceux-ci exposent seuls le thème d’un double trio, forme que Beethoven utilisera de plus en plus fréquemment dans l’avenir.
Le Finale (Allegro ma non troppo) est gai et sémillant et Berlioz dit encore : « Il consiste en un cliquetis de notes scintillantes, en un babillage continuel entrecoupé cependant de quelques accords rauques et sauvages ».
Et il est curieux de noter qu’en un temps où Beethoven était ignoré et méprisé en France malgré les efforts de Berlioz, c’est la Quatrième Symphonie qui fut « acceptée » le moins malaisément pour son adagio « merveilleux » et son Finale « plein de géniales surprises ».
Yves Hucher
Nomenclature orchestrale : flûte, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, timbales, cordes
Durée approximative : 34 minutes
Dernière exécution à Monte-Carlo : 10 octobre 2010, Auditorium Rainier III – Jean-Christophe direction