« Allegro non troppo »
« Andante moderato »
« Allegro giocoso »
« Allegro energico e passionato »
Créée le 25 octobre 1885 à Meiningen, direction Brahms.
Dernière symphonie de Brahms, elle est aussi, d’une certaine manière, l’apogée de sa vision de la création artistique : certes l’inspiration est première, mais l’œuvre d’art réelle naît du travail, de la maîtrise technique des différentes parties. Tout culmine dans le finale, construit comme une passacaille, c’est-à-dire avec une basse obstinée de huit mesures, exposée d’abord seule, puis répétée trente-cinq fois, avec des allures toujours différentes : valse, marche héroïque, moment lyrique et méditatif… . Cette écriture stricte est un hommage au passé et aux traditions musicales baroques, la forme de la passacaille étant très usitée aux XVIIe et XVIIIe siècle, et on peut aussi écouter le second mouvement dans cette optique, où l’on retrouve un thème aux allures de sarabande : recherche ultime, de la part du compositeur, d’un ancrage dans une tradition, ancrage qui s’avère également source de souffrance ; car on n’a pas manqué, non plus, d’interpréter le dernier mouvement, avec son retour inéluctable de quelques notes, comme l’expression d’une fatalité tragique, d’un destin impérieux que les Quatre chants sérieux, quasi contemporains, prolongent.
L’ensemble de la symphonie serait alors un long parcours vers ce que l’on doit entendre bien davantage comme un cri que comme un exploit stylistique : passant du côté mélancolique mais non résigné du premier mouvement, à une teinte désolée, mélancolique, légendaire, celle du deuxième mouvement. Le troisième mouvement affiche une gaîté énergique, populaire, qui est vite voilée, comme faussée, et débouche sur un finale sonnant comme l’apothéose de la symphonie toute entière.
Le fait que le thème soit tiré d’un choral de Bach, « Nach dir, Herr » – vers toi Seigneur – prend alors des résonances inattendues. Quelques critiques se sont demandé s’il n’y aurait pas derrière l’œuvre un programme caché, ce que bien sûr Brahms a laissé sans réponse.
Reger, Berg, Hindemith, Webern… se souviendront de cette symphonie dans leurs propres œuvres.
Violaine Anger
Nomenclature orchestrale : 2 flûtes (la 2ème jouant aussi le piccolo), 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, contrebasson, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, timbales, percussions, cordes
Durée approximative : 40 minutes environ
Dernière exécution à Monte-Carlo : 6 décembre 2015, Auditorium Rainier III – Andris Poga direction