– Allegro maestoso
– Andante
– Presto
Solistes :
Si les « belles écouteuses » de notre temps ne rougissent plus pour si peu, gageons qu’elles se laisseront émouvoir par la grâce, la poésie et la tendresse de cette Symphonie Concertante de Mozart et plus encore par la désespérance dont elle est plus que l’écho fidèle !
En effet, si Mozart chante, par exemple dans son Concerto pour violon en ré majeur, la joie de partir, enfin libre, à l’aventure, il exhale ici l’amertume de quinze mois de déceptions, la rage de son retour forcé à Salzbourg et, par instants, le doute de soi-même. Mais, il ne serait pas fidèle à son propre coeur s’il ne laissait pas son inspiration s’animer au jaillissement d’un renouveau d’espoir, celui d’une nouvelle évasion!
Telles sont les circonstances, tels sont les sentiments qui donnent à la Symphonie concertante pour violon et alto, écrite à l’automne 1779, à Salzbourg, ses motifs, sa structure, son ampleur et jusqu’à sa tonalité de mi bémol majeur, si propre à auréoler nos regrets et nos rêves, et dont le relatif d’ut mineur, au contraire, traduit si bien le désespoir et la souffrance.
Désespoir et souffrance s’expriment tout d’abord dans l’introduction de l’Allegro maestoso initial, tout comme ils inspireront le lyrisme de l’Andante. Cependant, nous l’avons dit de l’homme, ce serait mal connaître le compositeur que de le croire capable de « s’abandonner » à son tourment ou de ne pas être maître assez pour ne pas nous en détourner nous-mêmes. Alors après une ample introduction, le premier mouvement s’anime déjà d’un renouveau d’espoir tout comme le Presto final, dans son joyeux bondissement qui ne laisse plus place au traditionnel épisode mineur, réussit – presque ! – à nous faire oublier plaintes et regrets.
Annonciatrice des grands Concerti qui vont suivre et des dernières Symphonies, il était juste que la Symphonie concertante pour violon et alto fut exécutée à Salzbourg en 1856, lors de la commémoration de la naissance de Mozart : elle est en effet l’une des oeuvres les plus significatives du musicien.
Y. H.