L’existence de l’Ouverture en ré, Hob. 1a.4 est intimement liée à la Symphonie n°53, surnommée « L’Impériale » au XIXè siècle, dont la genèse fut plutôt complexe et riche en rebondissements. Cela n’empêcha pas la symphonie d’acquérir rapidement une popularité et une diffusion largement européenne. A l’époque, elle circula en plusieurs versions se distinguant les unes des autres par leur instrumentation et au moins par quatre finales différents.
De nos jours, ces finales sont désignés, d’après l’édition Landon, comme finales A, B, C et D. C’est avec le finale C, qui n’est pourtant pas de la main de Haydn, mais d’un auteur inconnu repris dès le XIXè siècle par Le Duc et par Simrock que la Symphonie n°53 fut jouée et enregistrée jusque dans les années 50. En revanche, il est prouvé que le finale D est authentiquement de Haydn, car il s’agit de l‘Ouverture en ré, Hob.1a.4, publiée par Hoffmeister à Vienne en 1785-1786.
Mais, ce n’est qu’en 1960, dans le cadre d’une exposition à Vienne intitulée : « Documents soviéto-autrichiens », que fut exposé par les autorités moscovites un autographe non daté de cette page ; page qui portait l’indication « finale ». Et, de fait, cette Ouverture, composée entre 1782 et 1784, apparaît comme finale de la Symphonie n°53 sur une copie de la partition se trouvant actuellement au Conservatoire Giuseppe Verdi de Milan ; finale dont elle offre toutes les caractéristiques ! S’ouvrant sur un presto à 2/4, son motif principal, doublement exposé, fera l’objet d’un long développement.
Cet unique sujet que dessinent un demi soupir et de trois croches, se présente en antécédent/conséquent, et son départ syncopé confère à l’ensemble un élan délectable. Quant au traitement de la partition, il privilégie, selon un jeu d’alternances tonales plutôt convenu, les interruptions du discours musical ; des suspensions particulièrement révélatrices du Haydn de la maturité, sachant avec un matériau très simple, engendrer une musique prodigieusement lumineuse et profonde…
Alice BLOT