Vienne 1848 : un mois après la France et quelques mois avant le reste de l’Europe, le « Printemps des Peuples » déferle sur la capitale autrichienne. Le 13 mars, une manifestation de paysans et d’ouvriers, réprimée dans le sang par la troupe, entraîne la chute du Gouvernement Matterlinck, celui-là même qui, après vingt-sept ans de pouvoir, affirmait : « J’ai gouverné l’Europe, jamais l’Autriche » !. C’est au maréchal Joseph Radetzky, vainqueur de la bataille de Curtoza contre les Piémontais et surtout grand pourfendeur du soulèvement, que Johann Strauss père dédie cette partition. La Marche de Radetzky est une courte page triomphale en ré majeur, n’atteignant pas les trois minutes, bâtie autour de deux thèmes que relie un pont de quatre mesures. Au premier thème en ré, éclatant et fier, succède un second en la majeur, moins martial, presque dansant…Chaque thème dûment repris aboutit à un flamboyant da capo terminal. Cette Marche doit sa pérennité à la place prépondérante qu’elle occupe dans le concert que donne chaque année pour le Nouvel An la Philharmonie de Vienne, depuis 1939 alors dirigée par Klemens Krauss ! Emblème d’une époque aussi tragique qu’odieuse, ce prestigieux moment musical devait, dès 1947, recouvrir une toute autre idéologie, renouant avec un passé culturel des plus somptueux, celui d’un certain Mozart et de l’Europe des Lumières… À bon entendeur !
Alice BLOT
Durée : 3 minutes environ
Nomenclature orchestrale : 2 flûtes, piccolo, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, tuba, percussions, cordes
Dernière exécution à Monte-Carlo : 30 décembre 2008 Auditorium Rainier III, Lionel Bringuier, direction