I – Introduction – Danse et Variations de l’Oiseau de Feu
II – Ronde des Princesses – Danse infernale du roi Kastchei
III – Berceuse et Finale
Créé le 25 juin 1910 à l’Opéra de Paris, l’Oiseau de Feu conserve le souvenir d’un des plus grands triomphes des Ballets Russes. Pour ce spectacle, qui devait être le clou de sa seconde saison dans la capitale française, Serge de Diaghilev avait fait appel à un jeune compositeur inconnu de vingt-six ans, Igor Stravinsky, dont il avait beaucoup apprécié, un an auparavant à Saint-Pétersbourg, une très courte Fantaisie pour Orchestre, intitulée Feu d’artifice.
Après ces essais prometteurs, l’Oiseau de Feu apportait la confirmation qu’il s’agissait bien là d’un musicien d’exception même si pour beaucoup – à commencer par certains interprètes – il apparaissait comme un dangereux révolutionnaire. On sait qu’Anna Pavlova refusa de danser sur de telles « inepties ». Elle fut remplacée dans le rôle de l’Oiseau par Tamara Karsavina qui devait créer ensuite, avec la même compagnie dont elle était devenue l’étoile, plusieurs autres grands rôles, en particulier dans Daphnis et Chloé (Ravel – 1912), Jeux (Debussy – 1913), Le Tricorne (de Falla – 1919).
Le sujet de l’Oiseau de Feu s’inspire de plusieurs contes russes dont il conserve le caractère merveilleux et pour un public occidental, fortement exotique. Voici quel en est l’argument : Ivan Tsarévitch réussit à s’emparer de l’Oiseau de Feu et le relâche en échange d’une plume talisman en or. Parvenu devant le domaine enchanté de Kastchei qui retient prisonnières treize princesses, il risque d’être transformé en pierre par le magicien. L’Oiseau vient alors à son secours et lui dévoile où est caché l’œuf contenant l’âme de Kastchei. Ivan le dérobe et le brise puis, tandis que l’Oiseau disparaît dans toute sa splendeur, il faut enfin retrouver Tsarevna, la plus belle des princesses.
Sur ce livret qu’il avait mis en forme, Michel Fokine réalisa une chorégraphie particulièrement inventive, débordante de vivacité. Qualités que l’on retrouvait également dans le décor et les costumes de Serge Golovine et Léon Bakst.
Ainsi, à l’exception du chef d’orchestre Gabriel Pierné, l’affiche de la première réunissait les meilleurs artistes russes dont on raffolait alors à Paris et à Monte-Carlo. Dans la musique de Stravinsky se reconnaît l’influence très forte de Rimsky-Korsakov ainsi que certaines parentés avec Glinka, Scriabine ou Debussy. Mais le futur compositeur des Noces se manifeste déjà dans les oppositions de timbres, le chatoiement de l’instrumentation.
De cette partition, Stravinsky lui-même tira trois suites d’orchestre (en 1911, 1919 et 1945). La seconde écrite pour un effectif sensiblement plus réduit que celui du ballet, comprend cinq numéros : Introduction (l’Oiseau de Feu et sa danse, variation de l’Oiseau de Feu), Ronde des Princesses, Danse de Kastchei, Berceuse, Finale.
Pierre Cadars
Nomenclature orchestrale :
2 flûtes (dont 1 piccolo), 2 hautbois (dont 1 cor anglais), 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, 1 tuba, timbales, percussions, 1 harpe, 1 piano et cordes.