Il s’agit de la troisième musique de ballet composée par Glazounov, précédée de Raymonda, et de Ruses d’amour (ou Lady Soubrette). Raymonda (1898) avait été une commande de Marius Petipa, alors maître de ballet des théâtres impériaux de Saint-Pétersbourg depuis 1869, que la mort brutale de TchaIkovsky en 1893 avait laissé « orphelin ». Mais, Glazounov n’avait alors aucune expérience dans le domaine de la danse classique, et la collaboration avec un chorégraphe comme Petipa n’allait pas de soi….et, si les débuts furent difficiles, voire houleux, ils s’avéreront salutaires à Glazounov qui écrivit : « La nécessité de se tenir aux conditions du chorégraphe m’impose, il est vrai, une contrainte mais […] en même temps, elle me donne de la force pour les difficultés symphoniques […] Mais, n’est-ce pas, peut-être, précisément de ces chaînes que jaillit la meilleure école pour le développement et l’éducation du sentiment de la forme. » . Ainsi, en 1899, la composition des Saisons, ballet en un acte et quatre tableaux, est, sinon rodée, du moins apaisée…Bien que, contrairement à ce qui fut parfois écrit, Glazounov n’ait eu aucune vocation à être le « Tchaikovski » de sa génération, il était un symphoniste et tourna le dos au théâtre après que Les Saisons, aient été créées au Théâtre Mariinsky en février 1900…
Allant dans le sens insufflé par Marius Petipa, modernisation du ballet désormais raccourci, Les Saisons ne compte plus qu’un acte et quatre tableaux représentant chacun une des saisons.
Tableau IV (L’Automne) : 14) Grande bacchanale des saisons (c’est sans conteste l’épisode le plus connu du ballet, du fait d’avoir été utilisé et immortalisé par Stanley Kubrick) qui se décline en cinq moments, a) entrée des saisons, b) L’Hiver, c) Le Printemps d) Bacchanale e) L’Eté….Les quatre derniers numéros présentent un « petit adage » (15), « Variation du Satyre » (16), le 17 formant la coda générale de la partition, et le numéro final, 18, étant « L’Apothéose : La Révélation des étoiles ». Mais, la teneur, la valeur de cette partition ne vient aucunement de sa richesse thématique. Loin s’en faut ! Il s’agit d’une vaste fresque musicale d’essence totalement suggestive où Glazounov agit en véritable peintre sonore. Les courts épisodes qui se succèdent utilisent chacun une idée thématique simplissime que le compositeur va colorer avec une science musicale hautement maîtrisée, alliant quantité de procédés d’écriture (imitation, variation rythmique, diminution, augmentation, legato, piqué, etc.), c’est à dire une claire figuration doublée d’une remarquable connaissance de l’instrumentation (rappelons son aptitude à jouer de nombreux instruments à clavier, cordes et vent).
Glazounov sut reconnaître l’importance décisive des adaptations scéniques dans une musique de ballet (il conservera son estime à Marius Petipa intacte jusqu’à sa mort en 1910), manière d’admettre qu’il s’agissait d’un « Tout »(ballet) dont il n’était que partiellement redevable !
Alice BLOT
Nomenclature orchestrale :
2 flûtes, piccolo, 2 hautbois (le 2ème jouant aussi le cor anglais), 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, tuba, timbales, percussions, harpe, célesta, cordes.
Durée approximative : 11 minutes
Première exécution à Monte-Carlo