Composé durant l’été 1919.
Créé le 27 octobre de la même année, avec l’Orchestre Symphonique de Londres, au Queen’s Hall sous la direction du compositeur.
Adagio – Moderato
Lento – Allegro molto
Adagio
Allegro – Moderato – Allegro ma non troppo – Adagio – Allegro molto
Passé la Manche, Edward Elgar n’est-il qu’un nom dans les dictionnaires ? On serait tenté de le croire tant ce compositeur bien installé dans le paysage musical britannique a du mal, surtout en France, à être véritablement reconnu. Souvent on ne veut voir dans ses œuvres – y compris dans les plus marquantes comme Enigma Variations ou Pomp und Circumstance – qu’un agréable fond sonore pour les règnes de Victoria et d’Edouard VII. C’est méconnaître la place éminente d’un musicien qui, surtout dans ses œuvres d’orchestre, a su s’inscrire avec originalité dans tout un courant d’influence européen, germanique en particulier. Le concerto pour violoncelle en est la même preuve avec ses accents romantiques hérités de Schumann et sa parenté évidente avec Dvorák. Il s’agit pourtant là de l’une des dernières compositions d’Elgar qui, ensuite pendant quinze, devait pratiquement garder le silence. Œuvre grave, œuvre douloureuse (sauf dans son deuxième mouvement), ce concerto retrouve souvent le ton intimiste de la meilleure musique de chambre. En fait, c’est parallèlement à une Sonate pour violon, un Quatuor à cordes et un Quintette avec piano qu’il fut composé à partir du printemps 1918 (les souffrances de la Grande Guerre expliquent-elles, comme le pensent certains, ses tonalités sombres ?). Lors de sa création à Londres en octobre 1919, Elgar dirigeait lui-même l’orchestre avec Félix Salmond comme soliste. Ce fut un échec dû, en grande partie, au manque de répétitions. Et pourtant, comment ne pas être sensible à la hauteur d’inspiration ainsi qu’à la finesse d’écriture de ce concerto qui échappe, par son universalité, à son lieu d’origine et à son époque.
Après un bref récitatif de violoncelle, le premier mouvement Moderato repose sur deux thèmes exposés successivement par les altos puis la clarinette. Un orchestre de grande transparence accompagne alors le soliste plus qu’il ne s’oppose à lui. Le second mouvement Allegro molto apparaît sans solution de continuité, avec son allure de fuite en cascade, pleine de brio. L’Adagio, très lyrique, qui lui succède, débouche sur un dernier mouvement Allegro, plus ample d’allure, qui reprend certains thèmes évoqués précédemment dans une tonalité d’ensemble particulièrement dramatique.
Pierre Cadars
Nomenclature orchestrale :
2 flûtes (la 2ème jouant aussi le piccolo) – 2 hautbois – 2 clarinettes – 2 bassons – 4 cors – 2 trompettes – 3 trombones – tuba – timbales – cordes.
Durée approximative : 26 minutes
Dernière exécution à Monte-Carlo :
22 octobre 2006 – Auditorium Rainier III – soliste, Thierry AMADI