« Allegro ma non troppo »
« Larghetto »
« Rondo : Allegro »
« Je ne suis pas content des ouvrages que j’ai faits jusqu’ici ; je veux suivre une voie nouvelle ».
Ainsi pensait Beethoven, en 1804, et aussitôt il écrivit la Troisième Symphonie, dont les proportions inaccoutumées et le lyrisme passionné qui l’anime, ouvrent au compositeur des horizons vers lesquels il va se tourner avec une certitude intérieure, élément premier de son équilibre et de sa « joie ». Que cet état d’esprit semble se confirmer par les fiançailles éphémères avec Thérèse de Brunswick, et Beethoven, à nouveau illuminé d’espoir en son cœur mais parfaitement lucide en son génie créateur, éclaire merveilleusement l’année 1806 avec les trois œuvres « heureuses » : la 4ème symphonie, le 4ème concerto pour piano, et son unique Concerto pour violon.
Celui-ci est conçu dans la forme sonate à trois parties.
Un rythme de quatre notes fréquemment entendu, affirme d’entrée, à la timbale, la tonalité de ré majeur qu’un curieux « ré dièse » au violon semblera plus tard vouloir narguer, au grand scandale des contemporains.
Le premier mouvement Allegro est construit sur deux idées également sereines dont la première s’exprime d’abord au hautbois.
Le Larghetto qui suit n’est pas moins serein ; son motif unique, six fois repris, est exposé par les cordes en sourdine puis confié aux autres familles d’instruments. Le soliste en dégage toute la pureté simple et candide avant d’y ajouter d’élégants dessins et des élans de passion qui en font l’un des plus expressifs moments de l’inspiration beethovénienne.
Le Rondo final qui s’enchaîne, est doté d’un refrain robuste et primesautier.
Contentement intérieur du premier mouvement, que ne viennent troubler ni les appels répétés des timbales ni la fameuse dissonance ; sérénité du mouvement lent : robustesse et insouciance du finale ; tout cela donne bien une place à part à ce Concerto dans la production de Beethoven. Mais, écrit avec les conseils techniques du fidèle ami Schuppanzigh et créé par le violoniste Frank Klement, le Concerto pour violon de Beethoven – première œuvre d’un tel développement dans l’histoire de ce genre – demeure un essai, une tentative rarement égalée, pour concilier le lyrisme propre à l’instrument soliste avec le facteur orchestral prépondérant.
Yves Hucher
Nomenclature orchestrale : 1 flûte, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, timbales et cordes.
Durée approximative : 42 minutes environ
Dernière exécution à Monte-Carlo : 8 mai 2016, Auditorium Rainier III – Junichi Hirokami direction, Maxim Vengerov violon