– Allegro con brio
– Largo
– Rondo : Allegro, Presto
Les premières esquisses du Concerto en do mineur, opus 37, datent des deux dernières années du XVIIIème. Mais c’est entre 1800 et 1802 que Beethoven entreprit de le mener à bien pour le jouer lui-même le 5 avril 1803 au Theater an der Wien, au cours d’un concert qui programmait également les première et deuxième symphonies et l’oratorio « Le Christ au Mont des Oliviers ». Von Seyfries raconte comment il tournait les pages blanches de la partition, devant le compositeur qui jouait de mémoire une oeuvre dont il n’avait pas eu le temps d’achever la notation.
Pour son ampleur symphonique, pour le ton dramatique de do mineur (celui-là même de la Cinquième Symphonie), pour les rapports nouveaux entre le soliste et l’orchestre, l’ouvrage surprit plus qu’il ne convainquit l’auditoire. Il passa presque inaperçu. L’Allegro con brio qui l’ouvre s’appuie sur un premier thème, gai, de trois cellules qui joueront un rôle permanent tout au long du mouvement. Le deuxième thème, lyrique, est exposé d’abord par les violons, en mi bémol majeur, avant d’être repris par les bois, en do majeur. Orchestre et soliste se partagent équitablement le discours. La cadence, écrite sans doute vers 1809, fit une habile synthèse des deux thèmes et ramène une coda où l’intervalle de tierce du premier conclut dans l’esprit des premières mesures.
Le deuxième mouvement est un Largo en mi majeur où Beethoven a plusieurs fois indiqué l’usage de la pédale « forte ». Il est tout entier dédié à une ample phrase d’un lyrisme tout intérieur, d’abord exposé par le piano seul, puis partagé avec l’orchestre. On notera un curieux dialogue entre la flûte et le basson que le piano enveloppera d’arpèges. La coda, d’une atmosphère prophétiquement schumanienne, fait penser, dit Dorel Handmann, à ces paysages où les lointains s’estompent graduellement.
Après de telles langueurs, la gaieté du Rondo final peut surprendre. Le thème du refrain bondit et rebondit à travers plusieurs couplets de tonalités différentes. L’œuvre s’achève par une coda à 6/8 de la plus effervescente allégresse.
Le 3ème Concerto marque une date dans la production de Beethoven. Après le « Testament de Heiligenstadt », voici que, sans se soucier de la tradition, il s’achemine vers un art essentiellement expressif dont l’humanité vivante et contrastée demeurera sans égale.
Yves Hucher
Nomenclature orchestrale :
2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, timbales et cordes.