Composé en 1930-1931, créé à Francfort 1933 par le compositeur sous la direction de Hans Rosbaud Quatre années séparent le Premier du Deuxième concerto, années de voyage, en tant que pianiste virtuose, musicologue et compositeur, années qui voient aussi la montée de la crise mondiale : Bartok y mûrit son écriture, sans faire de concession à la difficulté pianistique. « J’ai voulu donner un morceau contrastant avec le premier concerto » écrit-il. « Une oeuvre qui soit moins hérissée de difficultés pour l’orchestre, et dont les matériaux thématiques soient plus avenants. C’est cette intention qui explique le caractère plutôt populaire et léger de la plupart de ses thèmes ». Bartok était fier d’attirer l’attention de l’auditeur sur la rigueur de construction de son oeuvre, ce qu’il appelle parfois la « géniale simplicité » : l’ensemble reprend une forme en trois mouvements, très classique; mais l’introduction d’un presto au milieu du deuxième mouvement lui permet de tout construire « en arche », le début du premier mouvement répondant à la fin du troisième, l’adagio central revenant deux fois, comme si le presto était un miroir autour duquel toute l’œuvre s’organisait. Rien cependant dans cette musique du statisme qu’une telle description pourrait sous entendre : d’abord les thèmes, même profondément apparentés, évoluent considérablement, et l’orchestre intervient en gradation : le premier mouvement ne fait appel qu’à des instruments à vent et percussion, puis l’adagio fait entrer les cordes avec sourdine. Une partie des vents et des percussions interviennent dans le presto, et le dernier mouvement emploie l’orchestre entier. Tout cela donne une oeuvre, très maîtrisée, passant de l’allegro barbare, de l’éclatement contrôlé de forces, à une sorte d’ordre contemplatif, qui se déchaîne dans l’exubérance et le démoniaque du dernier mouvement.
Violaine Anger
Nomenclature orchestrale :
3 flûtes (la 3ème jouant aussi le piccolo), 2 hautbois (le 1er jouant aussi le cor anglais), 2 clarinettes (la 2ème jouant aussi la clarinette basse), 3 bassons (le 3ème jouant aussi le contrebasson), 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, tuba, timbales, percussions, et cordes.
Durée approximative : 28 minutes