I. Allegro molto moderato
II. Adagio
III. Allegro moderato molto e marcato
Chez Grieg, les mélodies, importantes, sont la base de ses compositions instrumentales, pour la plupart consacrées au piano. De 1865 aux danses norvégiennes, l’inspiration folklorique y est capitale. Ses études à Leipzig l’ont amplement familiarisé avec les traditions allemandes, alternativement attirance et répulsion. Il laisse les solides architectures germaniques s’abandonnant plus volontiers à son instinct lyrique, multipliant les motifs chantants à la façon de Schumann comme le prouve son Concerto pour piano opus 16 de 1868.
Grieg possède aussi un style expressif et peut se définir par l’utilisation de riches harmonisations chromatiques et des chants sombrement douloureux. La profondeur rêveuse, voire tragique de certains de ses mouvements lents symbolisent le mystère des terres scandinaves. Grieg exploite l’art romantique selon Liszt, Mendelssohn et Schumann, mais surtout le fonds populaire norvégien constitué de halling, springar (danses paysannes) ou autres marches nuptiales, le plus souvent jouées par des violoneux pratiquant le hardingfele (violon populaire).
A côté de ses 140 mélodies, son Concerto pour piano est l’œuvre du bonheur. Ecrit durant l’été 1868 alors que Grieg séjournait dans le village de Sollerod avec des amis dont le pianiste Edmond Neupert, il s’inspire du Concerto de Schumann tout en donnant à sa partition une spécificité expressément norvégienne. Le motif confié d’emblée au soliste est immédiatement repris à la clarinette qui lui ajoute un rythme pointé rappelant un halling.
Le second sujet, plus mélodique, est confié originellement à la trompette, puis au violoncelle dans la révision de1882.
Le développement reprend la fanfare initiale du piano, jouant sur des changements de tonalité et introduisant la cadence virtuose du soliste jusqu’à une coda chantée par tout l’orchestre. Le mouvement lent est onirique ; sur le bruissement de cordes con sordino coloré de quelques touches de cors et de bassons, le soliste développe un chant à la courbe sinueuse, sorte de « nocturne » en forme de tryptique. Le final est typiquement « national » avec deux thèmes contrastés : le premier, plus populaire, joue sur les notes d’appui et des dissonances aiguës, le second est plus dansant, suivi par un épisode séducteur et rêveur, lancé par la flûte (Cantabile). La cadence reprend le thème initial puis un puissant appel de trompettes annonce la ré-exposition du cantabile. Deux nouvelles cadences achèvent l’œuvre.
Le dédicataire, Neupert, créa le Concerto, le 3 avril 1870 à Rome (l’orchestration non terminée n’en permit pas la création prévue pour le Nouvel An 1869). Ce ne fut pas un succès mais un triomphe !
Alice BLOT
Nomenclature orchestrale :
2 flûtes (dont 1 piccolo), 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, timbales et cordes.