Parodiant Musset, on pourrait dire à propos de cette œuvre d’Albert Roussel « Qu’importe l’argument pourvu qu’on ait la musique ».
En effet, Roussel pour qui la musique de ballet, souveraine au concert, ne peut ignorer les conditions du drame ou de la chorégraphie qu’elle doit illustrer, a cependant écrit une partition qui se suffit à elle-même tant il est vrai que l’art des soins, en ayant l’air de céder le pas à celui qui aspire à l’immatériel, peut lui conférer beaucoup de sa spiritualité.
Il n’est cependant pas indifférent de rappeler l’essentiel de l’argument, signé d’Abel Hermant, qui inspira Albert Roussel en 1930.
Thésée, sorti du labyrinthe grâce au fil que lui donne Ariane, emmène celle-ci et débarque à Naxos avec les éphèbes et les vierges qui fêtent leur commune délivrance. Bacchus apparaît, plonge Ariane dans un sommeil profond et chasse Thésée et ses compagnons qui reprennent la mer. Dans son rêve, Ariane se mêle à la danse passionnée que lui dédie Bacchus avant de disparaître. Tirée du sommeil, la fille de Minos et de Pasiphaé se croit abandonnée et va se précipiter du haut d’un rocher quand Bacchus reparaît et l’enlace. De leur baiser, naît comme un enchantement. L’île déserte se peuple, la bacchanale s’anime, tandis que le dieu dépose sur le front d’Ariane une couronne d’étoiles.
Partition réunissant toutes les qualités rousséliennes, – telles qu’on les découvre de même dans la Troisième symphonie, abondance lyrique, (mélodie d’Ariane), harmonies âpes, en même délicieusement raffinées, forte musculature rythmique, orchestration limpide et éclatante à la fois, sorte de jouissance vitale enfin, qu’on ne ressent le plus souvent qu’avec de très grands chefs-d’œuvre.
Yves Hucher
Suite n°1
Nomenclature Orchestrale : 2 flûtes, piccolo, 2 hautbois, cor anglais, 2 clarinettes, clarinette basse, 2 bassons, contrebasson, 4 cors, 4 trompettes, 3 trombones, tuba, timbales, percussions, 2 harpes cordes
Durée approximative : 17 minutes environ
Dernière exécution à Monte-Carlo : 28 novembre 1999, Auditorium Rainier III – Théodor Guschlbauer direction
Suite n°2
Nomenclature Orchestrale : 2 flûtes (la 2ème jouant aussi le piccolo), piccolo, 2 hautbois, cor anglais, 2 clarinettes, clarinette basse, 2 bassons, contrebasson, 4 cors, 4 trompettes, 3 trombones, tuba, timbales, percussions, 2 harpes cordes
Durée approximative : 20 minutes environ
Dernière exécution à Monte-Carlo : 28 novembre 1999, Auditorium Rainier III – Théodor Guschlbauer direction