– Vivace
– Scherzo molto moderato
– Andante non troppo vivo
– Maestoso
– Vivace
A l’automne de 1850 Schumann et sa famille quittent Dresde pour se fixer à Düsseldorf où il habiteront une maison qui donne sur le Rhin. Et, comme dans sa jeunesse, le compositeur se sent repris, irrésistiblement attiré – attirance tragiquement prémonitoire – par le fleuve puissant, par ce Vater Rhein qui semble emporter dans ses flots toute l’histoire de l’Allemagne dont le destin si souvent s’est accompli sur ses bords.
La Cathédrale de Cologne, symbole elle-même du passé germanique le plus glorieux et dont les travaux d’achèvement sont alors entrepris, les fêtes d’intronisation de son nouvel archevêque, marquent aussi très fortement Schumann et seront le point de départ de sa Troisième Symphonie dont les cinq mouvements – coupe assez inhabituelle – seront très rapidement composés à la fin de la même année 1850.
Schumann avait d’ailleurs envisagé de placer en manière d’épigraphe en tête de cette symphonie ces mots révélateurs « Accompagnement pour une cérémonie solennelle » qui en définissent assez bien le caractère général.
Et sans doute, le 4e mouvement – maestoso – qui évoque la cathédrale, la pompe des cérémonies liturgiques et la foule en fête, correspond-il parfaitement à ce programme.
Mais ce serait singulièrement réduire la portée et méconnaître la signification profonde de l’oeuvre que de ne retenir à son propos que cette donnée anecdotique et, somme toute, relativement secondaire : avec la Symphonie Rhénane revit ce monde à la fois candide et inquiétant des vieilles légendes germaniques que le compositeur s’est souvent plu à mettre en scène dans ses lieder, avec elle surtout ressuscite pour nous, dans sa poésie et son charme alors intacts, le paysage riant et grandiose des bords du Rhin que n’ont point encore défiguré les laideurs de l’âge industriel ou les dévastations de la guerre, « ce merveilleux pays du Rhin en fleur, ses monts, ses vallées et ses paradis environnants ».
Yves Hucher