Durant les trois années que Richard Strauss vécut en Suisse, de 1945 à 1948, il fut contraint, pour les raisons politiques que l’on sait, de gagner sa vie en recopiant lui-même certaines de ses partitions – à plus de 80 ans ! – et à faire ce qu’il appelait lui-même des « exercices de poignet », tels que la Fantaisie sur la Femme sans ombre ou cette Grande Suite du Chevalier à la rose, l’opéra créé à Dresde en 1911, puis représenté à Monte-Carlo en 1926 et à Paris, l’année suivante.
Plusieurs moments de l’action qui se situe en 1760, sous le règne de Marie-Thérèse d’Autriche, se déroulent au rythme de la valse viennoise, ce qui constitue un anachronisme, la valse étant une invention du XIXème siècle.
Oublions cette liberté qui d’ailleurs met en relief le caractère atemporel de l’opéra, comme on oubliera le reproche fait au compositeur d’avoir abusé du rythme à trois temps et d’avoir développé, avec complaisance, ces valses et en particulier celle que danse, à la fin du deuxième acte, le Baron Ochs.
Beaucoup de bruit pour rien, a-t-on dit parfois, paraphrasant Shakespeare. Il y a pourtant nombre de passages où le compositeur joue avec finesse du pianissimo. Et dans cet enjouement et cette inspiration de bon aloi, la Grande Suite elle-même qui tourne à peu près constamment au rythme de trois, nous restitue tout le charme et le parfum de la plus authentique valse viennoise.
Yves Hucher
Nomenclature orchestrale :
3 flûtes (dont 1 piccolo), 3 hautbois (dont 1 cor anglais), 3 clarinettes (dont 1 petite clarinette), 1 clarinette basse, 3 bassons (dont 1 contrebasson), 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, 1 tuba, timbales, percussions, 1 célesta, 2 harpes et cordes.