– Allegro moderato
– Adagio
– Presto
Fin 1774, l’électeur de Bavière, Maximilien III, passe commande à Mozart d’un opera-buffa pour le carnaval suivant à la Cour de Munich. Il n’appartient pas à Wolfgang de donner sa réponse, mais à son supérieur hiérarchique le prince-archevêque de Salzbourg, Colloredo, dont il n’est que le domestique… L’homme d’église devait bouillir de rage mais il ne pouvait, diplomatiquement parlant, refuser d’accéder à la demande d’un électeur d’Empire. Ainsi, fin 1774, Léopold et ses deux enfants sont à Munich, coulant des jours heureux où se succèdent les répétitions de La finta Giardiniera (puis sa création plus que réussie, le 13 janvier 1775), les bals, les redoutes et toutes sortes de fêtes attachées au Carnaval… Certes, le succès est là, mais nous sommes loin de l’engouement suscité par l’enfant prodige et les Munichois pensent « qu’après tout le jeune Mozart n’est qu’un musicien bien doué parmi tant d’autres, mais qu’il ne s’impose nullement hors pair. » Le 7 mars, la famille Mozart est de retour à Salzbourg, Wolfgang n’en bougera plus jusqu’en septembre 1777.
Jamais, à l’exception du Concertone pour deux violons en ut, K 190 (1773), Mozart n’avait écrit de partition accordant au violon un rôle à part entière. Entre avril et décembre 1775, Mozart compose ses cinq concertos pour violon où domine l‘esprit galant. Le musicologue Einstein estime que « chez Mozart le concerto pour violon proprement dit gardera toujours un certain caractère de sérénade. » Le Concerto n°1 en si bémol, daté du 16 avril 1775, se dégage de l’influence française lui préférant des tournures plus anciennes propres à la musique allemande. Cependant, le compositeur ne semble pas s’impliquer véritablement dans ces pages : la succession de nombreux thèmes sans caractère marqué et n’offrant pas de rapports entre eux annule toute cohérence organique, l’écriture ignore le contrepoint et l’orchestration reste standard. Toutefois, osant une lapalissade, Mozart reste Mozart ! L’Allegro Moderato initial est valorisé par un développement en mineur assez expressif. Le mouvement central, Adagio en mi b majeur, apogée de la partition, déroule un chant simple et limpide qui laisse percer un désir d’approfondissement, sans pour autant prétendre à l’intimité. Enfin, le Presto final soigne autant les soli que les tutti. Le soliste peut déployer une plus grande virtuosité et le discours orchestral gagne nettement en raffinement.
Ce premier Concerto pour violon et orchestre K 207 demeure une partition claire, respirant une énergie et un optimisme que l’on peut mettre au compte de l’âge : celle d’un jeune homme de dix-neuf ans. Après ces cinq Concertos pour violon, Mozart ne pourra jamais plus en achever un seul ! L’instrument lui-même n’en est pas la cause (à la différence de la flûte !), mais il stigmatise de détestables souvenirs liés à Colloredo (Salzbourg), notamment l’obligation de jouer du violon en livrée, rabaissant Mozart au niveau d’esclave domestique et non de musicien. Ce que le conscient peut oublier, voire pardonner, l’inconscient lui, en garde une indélébile blessure.
Alice BLOT
Nomenclature orchestrale : 2 hautbois – 2 cors – cordes
Durée approximative : 21 minutes
Dernière exécution à Monte-Carlo : 25 novembre 2001 – Musée océanographique, par Giuliano Carmignola