« Je ne voulais pas être simplement norvégien, encore moins, un chauviniste norvégien, je voulais simplement être moi-même… » Edvard Grieg
Il est vrai que l’un des côtés passionnants de Grieg est de n’avoir jamais oublié ses origines lointaines, grâce auxquelles, une partie de sa musique, celle des dernières années, allait s’ouvrir sur l’esthétique du XXe siècle naissant. C’est en se tournant vers les origines écossaises de son grand-père, et ses traditions musicales populaires, que Grieg va bousculer insensiblement les fondements de sa musique, ceux des rivages pourtant bien connus et aimés des romantiques allemands tardifs, tels Brahms, Reger ou Richard Strauss. Au bout de ses investigations personnelles, nourries de fondements folkloriques norvégiens, se trouve la révélation esthétique, synonyme de libération des contraintes harmoniques du XIXe siècle : Claude Debussy et son « Prélude à l’après-midi d’un faune », entendu à Oslo, lors de sa première audition en Norvège, le 7 mai 1902. Dès le début, Edvard Grieg eut à gérer des influences, en apparence opposées, mais qui devaient s’avérer complémentaires ou du moins, trouver dans l’esthétique du compositeur, la meilleure des fusions. Il est remarquable que le Conservatoire de Leipzig intégré dès 1858 par Grieg grâce aux injonctions de l’un de ses parents, Ole Bull, fut tout au long de sa vie l’objet de ses critiques les plus vives (1), alors que ce même Ole Bull fut le déclencheur de sa verve nationaliste : « C’est Bull qui, le premier, a éveillé en moi le désir de composer de la musique spécifiquement norvégienne. Il fut mon libérateur. J’ouvris les yeux sur la beauté et l’originalité de la musique norvégienne. […] S’il n’y avait pas eu cette influence de Bull, j’aurais écrit de la musique sans couleur, à la Gade… ». La rencontre avec Rikard Nordraak cristallisera concrètement cet éveil national et artistique, et c’est avec lui que se décida, originellement, le voyage qui, à l’automne 1865, devait les conduire de Berlin à Rome…Mais, atteint de tuberculose, Nordraak ne put quitter l’Allemagne, et Grieg, se rendit seul en Italie où il apprendra en février 1866, la mort de ce grand ami, et il est plus que probable que le sentiment de culpabilité que ressentit Grieg le poussa à développer un complexe système de défense jusqu’à sa mort, en 1907…
Alice BLOT
Durée : 10 minutes environ
Nomenclature orchestrale :
2 flûtes, Piccolo, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, tuba, timbales, percussions, cordes
Première exécution à Monte-Carlo