Bien qu’ayant étudié avec Mozart, joué avec Joseph Haydn, à qui il succédera auprès du prince Esterhazy comme Maître de chapelle en 1804, les nombreuses compositions de Hummel s’inscrivent davantage dans la lignée d’un Albrechtsberger ou d’un Salieri, ses maîtres viennois. Pianiste virtuose, cet Autrichien né à Presbourg (actuel Bratislava) est, avec Clémenti, Moscheles et Weber un représentant emblématique de cette génération néoclassicisante et néoromantique du début XIXème siècle. Si l’avènement de Mendelssohn, Schumann ou encore Chopin le fit nettement passer en arrière plan, sa musique sacrée notamment (dont les trois messes) reflète une belle habileté, une authentique maîtrise contrapuntique et en fait, dans la lignée de Mozart et de Beethoven, l’annonciateur direct d’Anton Bruckner.
Le Concerto pour mandoline, écrit en 1799, est issu d’une tout autre sphère : pas question ici d’impressionner, mais bien de plaire ! Le manuscrit original, conservé au British Museum, stipule que le Concerto est « écrit par J.N. Hummel pour Barthol Bortolazi, maître de mandoline, 1799. » Trois mouvements traditionnels : Allegro moderato e grazioso de forme ABA fait entendre un premier thème en rythmes pointés très proche du brio rossinien d’essence très festive. Le second thème, secondaire, apparaît davantage comme un conséquent du premier. La mandoline entre alors, reprenant le thème initial, puis dans une clarté formelle inhérente à Hummel, développe le matériau thématique à travers ses propres ressources expressives et techniques. Le second mouvement, Andante con variazoni s’ouvre avec le soliste exposant un thème en rythme pointé découlant du thème initial de la partition. Les trois variations confiées à la mandoline, la deuxième étant en mineur, témoignent autant de la maîtrise d’écriture de son auteur que de son attachement aux conventions du genre. Le Rondo final à 6/8 est lancé par le soliste. Son écriture, plus élaborée que les mouvements précédents, laisse place à un véritable jeu d’imitations (basses/mandoline), ainsi qu’à un approfondissement certain du discours n’entravant aucunement le charme délicieux de l’ensemble.
Alice BLOT