– Allegro non troppolegro
– Andante moderato
– Allegro giocoso
– Allegro energico e passionato
La dernière des quatre symphonies de Brahms, publiée en 1886, avait été créée l’année précédente à Meiningen, fief du compositeur ; c’est dire que cette oeuvre appartient à la période de production d’un Brahms devenu « jupitérien et ventripotent ». A cette époque, le musicien, dédaigneux de plaire à la masse, se fait plus grave et plus austère : le penseur se veut plus profond et le créateur, partant de thèmes très simples, s’ingénie à les compliquer, grâce à la science de sa technique. Après Schubert et Schumann, que l’on a accusés, bien à tort d’ailleurs, d’être incapables de suivre un développement, Brahms prouve qu’il sait construire : sa Quatrième Symphonie est l’oeuvre d’un architecte des sons.
Le premier mouvement s’éloigne pourtant de la forme purement classique par deux points. Tout d’abord, cet Allegro non troppo débute de façon très libre, un peu comme une ballade, des appels de cors conduisent à un second motif exposé par les violoncelles. D’autre part, ce mouvement est construit sur trois thèmes principaux qui vont de l’énergie au charme, de l’ironie au mystère.
Le second mouvement est un Andante moderato en mi majeur. Les cors puis les bois exposent la cellule constitutive du thème principal, qui complètent le divertissement en staccato des vents et le chante des cordes graves.
Un Allegro giocoso, occupe la place du scherzo mais est un mouvement de sonate, a parfois fait penser à Breughel. Par sa couleur, son rythme surtout et son épisode médian, il semble pourtant moins flamand que hongrois.
L’Allegro energico e passionato final est une passacaille variée : un thème de huit mesures donne la matière de huit variations où les instruments à vent céderont peu à peu la place aux cordes. Le mouvement s’anime, et, après un pianissimo des bassons des cors et des trombones, et la réexposition du thème, l’accélération progressive du mouvement conduit à une strette violente et passionnée.
Yves HUCHER