– Allegro
– Scherzo : Prestissimo
– Andante
– Finale : Allegro
Les cerveaux scientifiques sont plus proches de la musique, dit-on, que les « forts en thème ». Cette proposition, par ailleurs contestable, est entièrement vérifiée par le cas d’Alexandre Borodine, aussi doué pour les langues – il en possédait cinq – que pour les sciences et… la musique. Passionné pour la chimie et en possession de son doctorat en médecine, il poursuivit sa formation scientifique à Heidelberg, sans pour autant interrompre une formation musicale commencée dès son jeune âge et perfectionnée en autodidacte.
C’est ainsi que Borodine, qui se considérait comme un simple amateur, a pourtant signé un chef-d’oeuvre particulièrement représentatif de la musique lyrique russe. Le Prince Igor, un poème symphonique évocateur, Dans les Steppes de l’Asie centrale, et écrit de la musique de chambre, des mélodies et trois symphonies.
Parmi celles-ci, la Seconde, en si mineur, est la plus célèbre – la troisième, inachevée, a d’ailleurs été terminée par Glazounov.
Après avoir suffisamment sacrifié à la tradition classique dans la 1ère Symphonie en mi bémol, Borodine emprunte ses éléments mélodiques au folklore de son pays et ressuscite la vieille Russie héroïque qu’il évoquera plus tard dans Le Prince Igor, justifiant ainsi l’opinion du musicologue soviétique Stassov pour qui la 2ème Symphonie doit principalement sa puissance au caractère national de ses motifs, et mérite son sous-titre « Epique ».
L’oeuvre comprend quatre mouvements :
Dès le début de l’Allegro moderato, un premier thème populaire s’étage sur trois octaves graves, sans nul soutien harmonique : phrase pesante à laquelle succède dans l’aigu un tutti joyeux. Cet éclat se tempère pour une nouvelle idée issue de la fin du premier motif. Ce rythme bon enfant passe en fugue aux différentes familles orchestrales, et reprend de la rudesse. Dans le développement un rythme incessant sert de lien entre les deux thèmes variés par les teintes orchestrales.
Suit un Molto vivo, sorte de scherzo animé et gai, dont le rythme n’est contrarié que par quelques mouvements mélodiques syncopés, et coupé d’un épisodique Allegretto.
L’Andante, tendre et calme, dans la tonalité de ré bémol, est traversé de motifs ondulants nombreux et utilise une belle phrase où alternent les mesures à trois et quatre temps.
Au mouvement lent s’enchaîne l’Allegro final construit sur un rythme antérieurement présenté, curieusement syncopé. Le développement s’enrichit d’heureux coloris et l’oeuvre s’achève dans une lumineuse et heureuse atmosphère de danse populaire.
Yves Hucher